Didier Mouton - Baies Pourpres 2015

Nous sommes ici en présence d'un vigneron hors catégorie, créateur d'un micro-domaine en Corrèze qui produit des vins rares, toujours porteurs d'une émotion intense qui nous ramène aux origines du vin. Je vous invite à écouter son interview ICI.

Son "Baies Dorées" 2014, bu sur 3 jours, présentant chaque fois un visage différent mais terriblement séducteur, reste une de mes plus belles émotions en blanc. C'est ici le "Baies Pourpres" 2015 que je me décide à ouvrir. La dernière, bue en 2018, peu après la mise, n'était pas prête, avec des tannins trop accrocheurs et une palette aromatique en sourdine qui attendait dans les starting-blocks de pouvoir enfin d'exprimer. Qu'en est-il 2 ans après? 


Je vous mets quand même la contre-étiquette, tant nous sommes là dans un vin unique, avec un assemblage unique...



La robe est pourpre, jeune, aux reflets rouge carmin. 

Le nez séduit d'emblée par sa profondeur. C'est un nez très Bordelais, rive droite, on sent bien qu'on reste sur une dominante de Merlot. Le vin dégage des arômes intenses de mûre sauvage, de cerise, de prune, d'épices. Néanmoins, à l'aération, le nez se complexifie, gagne en profondeur mais aussi en fraîcheur, avec des notes d'herbes séchées, de bois de ronce, de feuilles de cassis... 

La première mise en bouche me fait penser qu'il n'est toujours pas prêt à boire, avec des tanins encore un peu accrocheurs. On est sur un vin "sérieux" avec beaucoup de sève, qui a indiscutablement beaucoup de choses à raconter, mais qui reste encore trop marqué par la jeunesse. Je regrette qu'on le boive pour lui-même (en fin de soirée) et je me dis qu'il aurait été plus à son avantage à table avec une pièce de boeuf. 
Et puis j'aère le vin, le nez gagne en intensité, et la bouche s'harmonise, s'assouplit. A la fin du verre, ça devient vraiment très bon. Et au deuxième verre, là, on commence à tendre vers l'extase. Tout est parfaitement en place, la bouche est ronde, souple, de gros volume tout en restant très sensuelle. On ne saurait trop où placer ce vin tant il a la grandeur imposante de Bordeaux, le raffinement et la profondeur de la Côtes de Nuits, la fraîcheur aromatique des grands italiens... Ca explose d'arômes en bouche, sur la mûre toujours, la cerise noire, les petits fruits rouges (fraise et framboise), les épices douces et une pointe mentholée. La longueur est phénoménale et nous amène loin, loin dans l'introspection gustative. C'est magnifique. 

Commentaire général: Sublime. On est là en face d'un très grand vin, à qui il faut accorder encore du temps de cave. Quand je vois la beauté de ce vin maintenant, je n'ose imaginer ce qu'il donnera dans 10 ans. Il va falloir être sage et patient et ne les ouvrir qu'au compte goutte! 



Noté 18/20


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