Yodel Master : c'est la fête!

Je suis pas très porté sur les bulles. Je l'ai jamais été. C'est pas faute d'en déguster. Dans les divers salons que je fréquente régulièrement, il y a toujours un vigneron pour me dire: "Non mais goûte celles-ci, tu vas voir!". 
Alors je trouve souvent ça sympa, mais j'ai rarement envie d'en boire une fois chez moi... J'en ai en cave, j'en ouvre dans des occasions festives, pour faire plaisir. Mais à choisir, et si j'ai une envie de quelque chose de frais, je préfèrerai toujours un blanc frais, un rouge léger, un bon cidre ou même une IPA. Peu de cuvées m'ont vraiment convaincu : le Montrieux de Hérédia, le Ribambulles de Verdier-Logel (supérieur à bien des pet'nats de grande réputation), les vieux Dom Pé, les regrettées bulles de Pierre Beauger (les amateurs qui en ont encore en cave possèdent un vrai petit trésor), les bulles de chenin de Damien Bureau... Bon, on peut désormais rajouter à cette liste, et à une place de choix, ce Yodel Master. 

J'ai découvert puis redécouvert ce vin dernièrement lors des deux grands salons auvergnats de vins naturels ("Les 10 vins cochons" et "Les vins au Vert"). Ca faisait plusieurs années que je voyais le sympathique Anthony Tortul dans ces salons mais je goûtais pas les vins (un négociant, dans une région qui n'a pas ma préférence... j'étais pas particulièrement attiré...). Cette année je me suis décidé à goûter. J'ai tout aimé. J'ai trouvé toute la gamme proposée assez homogène: des parfaits vins de copains, avec de la fraîcheur et de la mâche en même temps, loin des vins capiteux de la région auxquels je me suis désintéressé. J'ai même eu deux coups de coeur pour "Miladiou" et "Ruine". Il y a 3 jours, j'ai ouvert un "Désordre rouge 2013": c'était excellent, à point, avec un très beau fruit, et un profil frais et tendu qui en faisait un parfait vin de potes. On s'est régalé sur un simple plat de lasagnes. Bref, un excellent vinificateur, certainement une valeur sûre en Languedoc, et pour parfaire le tout, le type est hyper sympathique, pas du tout atteint du syndrôme de l'égo surdimensionné qui semble contaminer de plus en plus de vignerons nature.

   
La robe est beige claire, un peu trouble Les bulles sont abondantes, ça mousse beaucoup!

Le nez est très beau, très aromatique. Rare de trouver autant d'exubérance dans un nez de vin effervescent. C'est là la marque du Muscat, qui évoque ici certains muscats légèrement macérés comme le Supernova des frères Danjou. C'est un nez qui se présente dans un registre très floral (la rose surtout), avec des notes d'agrumes et de fruits exotiques. 

La bouche est fine, fraîche, désaltérante. Ca reste typé Muscat, avec l'aromatique variétale associée, dans un registre qui reste dominé par le floral. Si l'attaque et le milieu de bouche sont ceux d'un vin de soif festif, la finale gagne un peu en matière et en vinosité. Le vin se complexifie, l'exubérance aromatique laisse la place à des notes plus mûres. Le fond de bouteille bu deux jours après évoque clairement un beau muscat du sud, comme celui des frères Danjou ou celui du Mas des Chimères, peut-être légèrement macéré, et qui aurait gardé un léger perlant. Pas si commun de trouver cette dimension dans un pet'nat. J'aime beaucoup. 

Commentaire général: Très bon. Un pet'nat vraiment réjouissant, qui fait l'unanimité (sauf pour ceux qui n'aiment pas le cépage). Ca donne le sourire, ça génère de la bonne humeur. A ouvrir dans le moindre contexte un peu festif, dès qu'il y a prétexte à célébration, en écoutant à fond un bon vieux Mary Schneider!


Noté 15/20


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