Domaine de l'Immortelle - Le P'tit Grain 2017

J'ai découvert ce domaine par hasard, le week-end dernier, alors que je me suis retrouvé de manière totalement imprévue et précipitée (il faut se laisser porter par les occasions) dans un petit salon de vins naturels à Thiers. Et le hasard fait parfois bien les choses, tant ce salon était très sympathique: des vins de qualité, de la convivialité (peu de monde, donc une grande disponibilité des vignerons), un groupe de musique traditionnelle pour assurer l'ambiance, d'excellents agrumes de Sardaigne... Les enfants étaient ravis. Bref, un avant goût d'un printemps qui tarde à montrer le bout de son nez...

J'ai tout goûté. Des confirmations (Villemade, c'est décidément de la balle, avec notamment un blanc superbe; le Chiroubles de Karim Vionnet est magnifique; le domaine Rols, à Conques, avec des canons renversants; le fameux pet'nat de Bouju qui égaiera les coeurs les plus chagrins...), des réconciliations (le domaine Henri Milan, dont j'ai très bien goûté la cuvée sans souffre "Papillon", qui m'avait déçu par le passé), et de belles découvertes (gros coup de coeur pour les vins alsaciens de Heidi et Hubert Hausherr, les Beaujolais de Clotaire Michal), dont ce domaine des Côtes Catalanes.

Toute la gamme proposée m'a séduit, avec un joli rouge de copains et un vin plus structuré (la cuvée "Début) auquel je prédis un bel avenir après 2 ou 3 ans de cave. Mais c'est bien cette cuvée "Le P'tit Grain" qui m'a le plus tapé dans l'oeil, si bien que j'ai pas tenu une semaine pour en ouvrir une...


Il faut dire que je suis en train de littéralement tomber sous les charmes de ce cépage, ce Muscat "petits grains", surtout lorsqu'il sert à l'élaboration de vins blancs secs. Après avoir eu un gros coup de coeur pour celui de Patrick Bouju, et après avoir rempli ma cave avec celui du Mas des Chimères, voici donc un nouveau vin qui vient confirmer l'incroyable potentiel aromatique de ce cépage...

Le vin se présente dans une belle robe jaune d'or, assez soutenue. 

Le nez est exubérant, avec des arômes très purs et intenses de litchi. A l'aération, ça se complexifie un peu, sur des notes surtout florales: bois de rose, tilleul, jasmin, chèvrefeuille. Le fond de verre sent légèrement la mandarine (pas la clémentine). 

En bouche, on retrouve cette dominante de litchi. Moins les notes florales, et davantage les notes d'agrumes avec la mandarine donc, mais aussi la bergamote. C'est très frais, très parfumé, et assez léger. On sent que les grappes ont pris le soleil, avec un peu de gras et de rondeur, mais on sent aussi que les raisins ont été récoltés juste avant leur maturité optimale, pour garder de l'acidité et de la tension. Tout se joue à la vendange dans cette région, surtout sur lorsqu'on veut garder de la vivacité dans les blancs. Et là, c'est une franche réussite. 

Commentaire général: C'est très bon! Un vin très aromatique, qui se boit pour lui-même, à l'apéro. Il accompagnera également très bien la cuisine thaïlandaise pas trop épicée, et les préparations à base de lait de coco, de citron vert, de gingembre. A noter également que le vigneron, Yann Bouvier, était très sympathique, simple et souriant, sans se prendre trop au sérieux. Je ne dis pas ça de manière anodine... Ce n'est pas parce qu'on est dans un salon de vins naturels que tout le monde est hyper sympa et accessible, j'en ai fait plusieurs fois l'expérience. Certains (je ne dirais aucun nom) ont quand même tendance à avoir les chevilles qui enflent un peu, à croire qu'ils sont les meilleurs et à adopter une véritable posture, assez désagréable... Par ailleurs, ce "milieu" (parce que c'en est un!), a une fâcheuse tendance à développer un esprit communautaire, groupusculaire, qui donne l'impression au visiteur lambda d'être l'intrus dans un club où il n'a pas vraiment été convié... J'ai par exemple eu cette mauvaise expérience avec un vigneron du Jura (pas dans ce salon, je précise, où je n'ai pas trop senti ça), qui sous couvert de déconnade, de "coolitude" et de fausse sympathie, me prenait un peu pour un con. Je commentais ce que je buvais, mais il s'en tamponnait le coquillard, ne faisant même pas semblant de m'écouter, estimant sûrement que je n'étais pas digne de boire son vin. Le tout auréolé de certitudes politiques et d'une posture quasi militante qui respiraient l'autosatisfaction et l'auto-conviction d'être dans le vrai, le bon, le juste... en étant totalement hermétique à la contradiction ou à la nuance. Les vins étaient bons, mais j'en ai pas pris... 
Ici, avec le domaine des Immortelles, le vin était très bon, et le type qui l'avait fait avait la simplicité de se mettre à ma hauteur, de m'expliquer son travail, ses doutes et ses convictions. Ca rendait le vin encore meilleur...    


Commentaires

Articles les plus consultés