Le vin qui nous fait Dubien!

L'Auvergne a ses secrets. Et ils sont parfois bien enfouis. Parce que vous aurez beau chercher sur internet, vous ne trouverez rien d'autre qu'un vague acte de présence prévu dans un salon de vin nature comme information sur Jean Dubien et son domaine: "La Cave à Janot". L'Auvergne a donc encore de bien belles surprises à nous révéler...

Cette bouteille me faisait de l'oeil depuis l'été dernier. Un ami boulanger - apiculteur me l'avait portée dans le cadre d'une soirée que j'organisais à la ferme. Il m'avait juste donné cette consigne: "c'est bon, tu vas voir, mon père a ramené ça du domaine parce que les vins sont introuvables autrement". Au lieu de la laisser traîner sur la table du jardin, la destinant à un sort malheureux, je l'ai donc encavée, dans l'objectif de la déguster dans de bonnes conditions ultérieurement. Ces bonnes conditions, c'était ce soir. Il s'agit de la cuvée "La Tour de Garde" du domaine "La Cave à Janot".

La robe est assez sombre, d'un rouge pourpre soutenu aux reflets carmins. 

Le nez m'impressionne. Je n'ai encore jamais senti ça dans un vin d'ici: une telle densité, un tel volume, une telle maturité. Impossible, à l'aveugle, de partir sur un vin d'Auvergne. Il y a à l'évidence un effet millésime. Ca sent très précisément l'odeur de la confiture de mûre qui bouillonne dans la marmite en cuivre, et qui envahit la cuisine en septembre. Ca donne envie de croquer dedans, c'est extrêmement gourmand. C'est aussi un nez de millésime chaud, avec des notes de cuir et un caractère général assez sauvage, voire un peu fauve. Mais rien de péjoratif dans tout ça. On pourrait croire à un Merlot sudiste, voire à un vin du Rhône sud. On reste néanmoins sur le fruit, aucune note d'alcool ne vient troubler la fête. 

En bouche, là aussi, je suis totalement sous le charme de ce vin. On y retrouve ce caractère très mûr, sur la mûre là encore, mais aussi le pruneau, et un mélange d'orange confite et de chocolat qui fera dire à ma femme que "ça goûte l'orangette". Effectivement. En tout cas c'est très bon. Je n'aurai pas su dire si on était sur un 2003 du Médoc, ou un Rasteau patiné par le temps (le vin est très rond, très souple), mais je n'aurai jamais misé sur un Gamay d'Auvergne. Impressionnant! Le vin nous réserve toujours de belles surprises... La matière est mûre, confite, croquante. Le vin est doux (mais pas sucré), avec une petite acidité en finale qui lui permet d'éviter toute lourdeur (ce côté orange confite). C'est un vin nullement chaleureux, très mûr mais aussi très gourmand, et à parfaite maturité (je lui aurait donné 4 ans de plus). 

Commentaire général: C'est délicieux. Grosse découverte. Je pense qu'il y a dans ce vin un gros effet millésime et je ne pense pas que cette bouteille soit représentative des vins du domaine, mais c'est supérieur à quasiment tout ce que j'ai pu boire comme 2015 en Auvergne et en Beaujolais (avec souvent des vins déséquilibrés, trop imposants, qui nécessitent encore un peu de temps). En tout cas cette découverte va bien au-delà de mes espérances, si bien que je compte aller prochainement au domaine pour en savoir un peu plus sur ces vins. Je ne manquerai pas de vous tenir au courant.  



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