Château du Tertre 1986

On a tous des expériences très personnelles avec les millésimes. Je ne parle pas des millésimes médiocres, pour lesquels il y a consensus, et où on cherchera les exceptions, ceux qui s'en sont mieux sortis que les autres. Mais dans les "bons" millésimes, on tend à avoir des préjugés intimement liés à l'expérience personnelle qu'on a eue avec ces millésimes. C'est ainsi que pour ma part, j'ai un mauvais feeling par exemple avec 1998: je suis systématiquement déçu. Du coup, si j'ai le choix d'acheter une belle bouteille d'un château que je recherche dans les millésimes 1998 ou 2001, mon expérience me poussera plutôt à prendre le 2001, bien que ce dernier soit souvent considéré comme inférieur. Tout cela est totalement subjectif, mais il est difficile de s'extraire totalement de notre vécu avec le vin, et de nos bonnes et mauvaises expériences.  

Lorsque j'ai commencé à acheter des vins de Bordeaux à maturité, j'achetais beaucoup de 1986, parce que je gardais le souvenir d'un Las Cases mémorable, un vin tellement grandiose qu'il avait éveillé en moi la passion qui ne me lâche plus désormais. Et force est de constater que j'ai eu beaucoup de très bonnes expériences avec ce millésime, en Saint Julien et en Margaux notamment. En fait je n'ai même pas le souvenir d'une mauvaise expérience (possible que je l'ai oubliée cela dit).

Ce Château du Tertre est le premier vin qui vient un peu ternir ma série de belles rencontres sur ce millésime.


La bouteille présente un niveau très légèrement bas. Je n'arriverai pas extraire le bouchon qui s'enfonce trop facilement dans le goulot. Même au bilame, je ne parviendrai pas à le faire remonter et il finit dans la bouteille. Je décide donc de carafer le vin. 

La robe est sombre, rouge-brun nettement tuilée dont les reflets prennent des nuances de café léger. Beaucoup de dépôts dans la carafe, mais ces dépôts n'ont visiblement pas éclairci le vin!

Le nez est très léger, aérien. Il faut inspirer longuement pour sentir quelque chose, c'est presque frustrant. Le nez est plutôt frais mais présente quand même clairement des notes aromatiques qui ressemblent légèrement à de l'oxydation (pruneau, porto). Mais rien de lourd, ça reste discret et frais. A l'aération (ou après s'être accoutumé à ces odeurs), le vin sent assez nettement la myrtille. 

En bouche, le vin présente des notes de pruneau, de gibier et d'amande.  C'est un vin maigre de corps, fluet. La finale est asséchante et nous laisse, pour seule petite longueur, une légère pointe de chaleur alcoolique...

Commentaire général: Pas terrible... La bouteille commençait peut-être à décliner. A noter que comme ce vin n'était pas au niveau attendu, une autre bouteille est venue le remplacer. Le vin est donc resté plusieurs jours dans la carafe. Au moment où j'écris ces notes (J+4), je m'apprête à jeter le vin à l'évier. Je le regoûte par curiosité: le nez est assez joli, sur le confiture de mûre et la myrtille. Certes, il y a un peu d'oxydation, mais pas plus qu'à l'ouverture. Par contre, il y a beaucoup plus de fruits au nez. En bouche, je retrouve la confiture de mûre dans une matière très fluide et légère. Le vin qui n'avait pas beaucoup de corps, n'en a désormais plus du tout. En revanche, la fin de bouche est marquée par des notes de pruneau, de viandox et d'alcool.... 



 

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