Prieuré La Chaume - Orfeo 2006

C'est plus fort que moi, lorsque je suis en vadrouille (ce qui arrive assez souvent, la plupart du temps pour raisons professionnelles) dans une ville que je ne connais pas, j'en profite toujours pour aller faire un tour chez les cavistes du coin. Parfois même, avant mon déplacement, je repère les caves où je vais pouvoir m'arrêter... Et c'est ainsi que je glane régulièrement des bouteilles, que j'entrepose dans ma cave et que j'oublie. Jusqu'à ce qu'un beau jour je retombe dessus.    

C'est ainsi que j'ai remonté hier soir cette bouteille de ma cave. Impossible de me souvenir d'où je l'ai ramenée ni ce qui m'avait convaincu de l'acheter. En l'occurrence, je ne savais même pas ce que c'était, la bouteille étant planquée dans la partie "non classé" de ma cave... 

J'examine la bouteille et je vois que c'est un vin de pays vendéen. Après recherche, j'apprendrai que ce vin est né sur une île du marais Poitevin, l'île de Vix, que je n'ai jamais eu la chance de sillonner. J'apprendrai également que les premières vignes plantées par les romains, au 2ème siècle, le furent ici. 

Bref, hier soir, seul dans ma cave, en découvrant cette bouteille et en voyant le millésime (un vin de plus de 10 ans), je me suis dit qu'il devait grand temps de la boire. Ce fut probablement là mon erreur...

La robe est rouge très sombre et commence à présenter des signes d'évolution dans le disque. 

Le nez est très beau et fait très rive droite du Bordelais. Dominante de Merlot évidente, grosse concentration, belle complexité, de la profondeur, sur un registre de fruits rouges et noirs très mûrs et présentant des notes d'évolution. Cuir, épices, beau bois (pas neuf), touche fumée. C'est un nez imposant, volumineux. A l'aveugle, je pense que beaucoup, dont moi, partirai sur un Saint-Emilion  de 15-20 ans.  Je ne m'attendais pas du tout ça, et ça promet!

La bouche.... C'est là que le bât blesse... Les tanins sont beaucoup trop présents. Le vin est âpre, et très amer. L'impression d'une extraction beaucoup trop longue, comme lorsqu'on oublie d'enlever le sachet de thé de la tasse. Derrière la grande austérité de l'attaque et du milieu de bouche, le vin semble s'évanouir aromatiquement en finale. Il devient fluide, évanescent et quasi muet. C'est étrange le contraste entre ce début de bouche très bourrin, presque agressif, et cette fin de bouche fade avec une longueur quasi inexistante. Je n'opterait pas pour un problème de bouteille mais bien un défaut de vinification. C'est fort dommage tant le nez était prometteur. Je ne pense pas qu'une garde supplémentaire puisse améliorer la situation.

Commentaire général: Aucun plaisir en l'état. Mais le nez était si riche que cette bouteille m'a quand même donné grandement envie de me reprocurer des vins de ce domaine. Il y a peut-être eu un test raté ou une petite erreur sur ce millésime mais il y a indiscutablement un terroir intéressant et cela aurait pu être un très beau vin. A suivre donc.