Repas de fêtes 2018-2019 (2)

Après Noël, on passe aux festivités du réveillon. Pas de photos des plats (j'ai pas le réflexe), mais je m'étais donné du mal... Et la dégustation était superbe. 



Champagne Dom Perignon Vintage 2004

Très beau champagne, au niveau où on l'attend. Je peux le juger en comparaison avec le 2006 bu récemment, ce dernier m'ayant fait bien plus forte impression. Rétrospectivement, ce 2004 me semble moins exubérant. C'est un Champagne plus classique, dans un registre moins mûr, développant davantage des notes d'agrumes et des notes iodées que les notes de fruits jaunes et de miel du 2006. Peut-être plus facile à boire tout de suite mais moins profond et moins complexe. Je lui donnerai un moins grand avenir mais mon expérience en vieilles bulles est limitée... En tout cas, l'accord sur les huîtres est parfait. 


Jean Claude et Anne Beirieu - La Fleurie 2016

Il s'agit là aussi d'une belle découverte de la dernière édition des 10 vins cochons. C'est un 100% Mauzac, nature. Je vous présente la contre étiquette pour les curieux, parce que les informations sur le domaine et ses vins sont rares...

 
La robe est légère, un peu trouble, beige aux reflets translucides. Légères bulles à l'ouverture mais qui se dissipent rapidement. Le nez est fin et délicat, principalement porté sur des notes florales de sureau et de jasmin. Le fruit est discret (un peu de pomme), avec une touche de vanille. Un côté "eau florale" dans ce nez. La bouche est fraîche, légère, très désaltérante, à l'image d'une Pale Ale légère. C'est un vin très sec, digeste, d'un équilibre parfait, et délicieusement aromatique. Certes, on n'est pas dans un registre de vin riche et profond mais dans le style du pur vin de soif, à la buvabilité énorme, c'est une tuerie. Une infusion de fleur absolument irrésistible. L'accord avec une assiette de farfalles à la crème de citron, au parmesan et au caviar est magnifique (seul plat photographié par les invités, c'était l'étonnement du premier plat sûrement...).




Domaine Lucy Margaux - Wildman Blanc 2017

Sur la même poêlée de Saint Jacques lardées qu'à Noël, on boit ce Sauvignon blanc australien. 

La robe est bien trouble, orangée dans la robe et légèrement beige dans le disque. 
WHAOUH!!!! Le nez est juste exceptionnel. Mélange complexe de fruits, d'épices et de fleurs, le nez convoque ainsi, pèle mêle, le melon, l'ananas, le litchi, la pêche, la rose et le curry. Plus le vin s'aère, plus des notes de tabac sucré apparaissent, si bien que le nez finit par m'évoquer le tabac à chicha. J'enlèverai la bouteille de la table avant qu'elle ne soit complètement bue pour me garder un fond de bouteille à regoûter à tête plus reposée le lendemain. Et le lendemain, le nez est encore plus beau, avec toujours ces arômes de chicha et un côté vétiver. L'un de mes 2 ou 3 plus beaux pifs de l'année 2018. 
En bouche, on retrouve les arômes du nez avec la même évolution (d'abord fruits et fleurs puis un peu plus les épices et le tabac sucré). Le vin est extrêmement aromatique, mais assez court en bouche. On est plus dans un registre léger, fin mais extrêmement gourmand. L'équilibre acidité-sucre-alcool est juste parfait.    

Bon c'est un gros coup de coeur, et mon plus beau sauvignon blanc après ceux de Beauger (ce vin a d'ailleurs beaucoup de similitudes avec les vins du magicien d'Auvergne). Le nez est du même niveau mais la bouche a tout de même un peu moins de volume qu'un "Jauni Rotten"...


E. Guigal - Condrieu La Doriane 1998

Sur des tartines compotée de pommes épicée et boudin blanc, on boit ce Condrieu. 

Belle robe dorée intense. Le vin est gras et laisse de longues jambes dans le verre. Un aspect sirupeux. Le nez est beau, puissant et très très beurré... Cette note de beurre est largement dominante si bien que je peine à y déceler autre chose. En insistant et en aérant longuement le vin, j'y trouve un petit côté champignon. En bouche, le vin est étonnamment léger compte tenu des impressions du nez. Pas lourd du tout avec un bois totalement intégré. On retrouve ce gras en bouche, avec cette impression sirupeuse, mais cela reste en même temps assez léger. La longueur est faible. Beau Condrieu auquel j'aurai été bien incapable de donner un âge. Le contraste entre la puissance de ce nez beurré et la légèreté de la bouche est surprenant. 


Château Lestignac - Va te faire Boire 2016

On passe aux rouges. J'ai déjà commenté ce vin ici
Il n'a pas bougé. Toujours aussi bon, avec de la sève, du fond, sur la prune, la figue et la réglisse. C'est un superbe Merlot de soif mais avec de la matière et de la complexité.


Ensuite on passe au sérieux avec deux canettes cuites différemment: la première est rôtie au lard, shitakés, crosnes du Japon et servie avec une purée à la truffe. La deuxième est rôtie avec des clémentines et servies avec des pommes de terres et navets glacés. 


Château Mouton Rothschild 1983

Sur la canette lardée et purée à la truffe, ce Mouton Rothschild. 

La robe est grenat, nettement tuilée dans le disque. Le fond de bouteille est terreux. 
Le nez est superbe. Alliance de fruits (prune), de notes fumées, de café, de chocolat et de notes délicieusement herbacées (cardamome, eucalyptus), qui donnent du peps au vin. La bouche est un modèle d'équilibre. La finesse est superlative (quelqu'un lance "très grand Bourgogne" - les vins sont servis tous à l'aveugle). Le vin est encore bien fringuant avec des tanins perceptibles. La profondeur est incroyable et la longueur énorme, avec cette fraîcheur herbacée en fin de bouche qui rajeunit l'impression aromatique sur la fumée. 

Y'a pas à tortiller du cul pour chier droit, c'est un très grand vin. 


Domaine des Tours 2014

Sur la canette aux clémentines, ce Domaine des Tours. J'avais déjà testé et approuvé les vins riches et très mûrs du Rhône méridional avec des canards à l'orange. Et bien là, ça fonctionne encore très très bien. 

Belle robe rouge-orangée, nettement évoluée dans le disque. On lui donnerait 20 ans de plus! Beau nez, peut-être encore un peu trop jeune, sur la fraise confiturée, le poivre, le réglisse, les épices et herbes aromatiques (sariette, romarin). Et puis il y a ce côté orange cuite qui m'avait judicieusement orienté dans le choix de ce vin avec la canette aux clémentines.  En bouche, l'accroche est encore un peu tannique et le vin mérite de se fondre un peu plus. Plus d'épices qu'au nez, l'alcool est partiellement fondu mais reste bien présent. C'est un beau Domaine des Tours, très mûr, qui a mon sens mérite d'être attendu 2 ans supplémentaires. 


Château d'Yquem 1995
 
Pas de fromages, plus personne n'a faim. On passe directement à la salade de fruits exotiques sur boule de glace à la fleur d'oranger. Avec un Yquem 1995. 

La robe est d'un or soutenu. Le nez est envoûtant, très mûr, sur la cire, les raisins de Corinthe, le miel, le caramel. Il y manque la complexité des grands Sauternes à maturité. C'est clairement trop jeune. La bouche est volumineuse, puissante. La liqueur est trop abondante à mon goût (j'aime les liquoreux très évolués).  La finale a de la classe, avec des épices et de la confiture de mandarine qui apporte un peu de tension. A ce stade, c'est un beau Sauternes jeune, mais pas ce que j'attends d'un Yquem. Ceux qui en ont seraient avisés de patienter un bout de temps...


Très beau repas. La palme pour le Lucy Margaux, et le Mouton Rothschild, au-delà de mes espérances. 
 




 

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