Bojo Nouveau 2019: le match!

Cette année, j'ai bu le Beaujolais Nouveau presque dans les temps. J'en avais parlé l'année dernière, j'ai repris cette habitude depuis que j'ai découvert qu'un bon vigneron faisait souvent un bon primeur. Depuis, c'est devenu un petit rituel, et surtout un prétexte pour boire du bon vin entre amis. Là, j'ai payé mon canon à mes voisins qui passaient par là par hasard (disaient-ils!...). 
J'ai réussi à remettre la main sur ma cuvée fétiche, celle qui m'avait refait aimer cette tradition du primeur, le Villages de Lapalu. Et je lui ai mis en face un challenger redoutable, qui m'avait enthousiasmé l'année dernière, le "Chrysalide" de Romuald Valot. Le match s'annonçait serré, et il le fût. 


Jean-Claude Lapalu - Beaujolais Villages nouveau 2019

  
La robe est pourpre, profonde, aux reflets magentas. 

Le nez est étonnant. Il m'évoque d'emblée une Barley Wine, ou une Stout, avec des notes de caramel, de café, de fumée. Le fruit se fait très discret. En laissant le vin reposer dans le verre, on sent au premier nez suivant des notes florales (violette) qui s'effacent à l'aération pour relaisser la place à la Stout. 

La bouche est ronde, souple, mais avec quelques tanins et une matière assez structurée qui n'évoqueraient pas, à l'aveugle, un primeur. Là aussi le fruit se fait discret, on reste sur des notes de caramel, de fumée, de poivre et de violette. La comparaison avec la Stout s'arrête à l'aromatique, car la bouche est ici fraîche, élégante. La finale montre que le vin a du fond, des tanins à assouplir un poil, et qu'il tiendra facilement plusieurs mois en cave. Il pourrait donc même se révéler meilleur d'ici quelques temps (comme souvent sur cette cuvée). 

Commentaire général: Un bon primeur, bien fait. Un peu en-dessous de mes souvenirs de la dernière fois que j'avais bu cette cuvée. Mais ça reste élégant et d'un gros niveau pour un primeur. 


Noté 14/20



Romuald Valot - Chrysalide 2019


La robe est nettement plus légère ici, rubis claire aux reflets vieux rose.

Le nez est beaucoup plus causant. Bien typé nature, il est très changeant et évoque successivement le céleri, la lavande, la framboise et la groseille. Ce côté céleri est très présent, dominant même, si bien que les yeux fermés, le vin m'évoque la soupe de légumes et fait remonter en moi les souvenirs du "chabrol" de mon enfance, mes premières gorgées de vin dans la soupe de ma grand-mère. A noter que étonnamment, lorsqu'on sent le vin dans la bouteille par le goulot (et pas dans le verre), il y a une odeur très nette de banane très mûre. Comme quoi, ce fameux arôme fermentaire de banane n'est pas lié qu'aux levures de laboratoire (il serait difficile de faire plus nature que ce vin là!). Même si, et je ne sais pas pourquoi, je ne retrouve pas cet arôme dans le verre. 

La bouche est ronde, fraîche, légère sur la cerise, la grenadine, le poivre, des notes florales et ces arômes de biscuit que j'affectionne dans les canons nature. Une petite note de volatile que je n'avais pas perçue au nez mais que je ne sens plus dès le deuxième verre. Parce que le vin est très léger et ne laisse aucune trace en bouche en finale. Ca coule vraiment tout seul et les verres sont descendus à une vitesse record. 

Commentaire général: Très bon. Pas du niveau du 2018, mais c'est tout ce qu'on attend d'un primeur: un vin qui se boit sans soif mais qui n'est pas acide ou acidulé pour autant. Il reste rond et souple malgré sa légèreté et ce n'est pas un vin qui se présente sur un registre aromatique "primaire". C'est pour moi très caractéristique d'une vinification naturelle: ça ensauvage un peu le vin qui ne reste pas figé sur des arômes primaires et variétaux, tout comme sa couleur ne se fige pas sur des tons violacés mais semble comme légèrement passée. 


Noté 14,5/20


Conclusion

Les avis sont partagés, mais de mon côté, c'est une victoire de la Chrysalide. Le côté plus nature et extravagant de cette cuvée lui donne plus de singularité, plus de charme. Le Lapalu est très bon mais plus classique, plus sérieux, mais aussi plus strict et austère. Le résultat pourrait bien s'inverser dans un an: je ne suis pas sûr qu'un vin autant sur le fil que celui de Valot tienne la distance alors que je n'ai pas peur de donner 1 à 2 an de cave au Lapalu qui me semble avoir un plus gros réservoir de complexité et encore des choses à raconter.

 
 

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