Beaujolais (plus tellement) nouveaux 2017

Jusqu'à récemment, je n'aimais pas, et donc ne célébrais pas, ce fameux jeudi de novembre, le Beaujolais Nouveau. Mes dernières cuites au Beaujo Nouveau remontaient au lycée: j'en gardais le souvenir d'un vin hyper acide qui me retournait les boyaux et qui avait un goût "chimique".  Mais bon, j'avais 16 ans...
Puis, il y a de ça 3 ou 4 ans, un caviste m'a fait goûté un magnifique Beaujolais Villages, ou en tout cas, c'est ce que je pensais. Je ne suis pas grand amateur de Beaujolais, mais celui-ci m'avait séduit. Il me dévoile la bouteille et là, je tombe à la renverse: c'était un Beaujolais Nouveau, vinifié par Lapalu. Rien du vin inachevé et prématuré qu'est (logiquement même) un Beaujolais Nouveau. C'était un vin sans grande prétention, sur le petit fruit frais, mais d'un équilibre, d'une harmonie et d'un toucher de bouche qui ne m'aurait jamais fait penser que ce vin n'était pas venu "à terme". 

Depuis, je célèbre le Beaujolais Nouveau. C'est un prétexte de plus pour déguster du vin. Mais attention, pas n'importe quel Beaujolais Nouveau! Jusqu'à présent, je restais indéfectiblement fidèle à Lapalu, mais cette année, je n'ai pas retrouvé son vin chez mes cavistes habituels et je me suis donc rabattu sur des collègues à lui: Foillard et Trichard. 

Il se trouve qu'en novembre, j'avais une crève terrible qui m'a empêché de boire ces bouteilles le jour J. Je les ai mises à la cave et puis je les ai oubliées jusque là. Je rattrape donc le retard et fête le Beaujolais Nouveau 2017 en... février 2018! Nous avons dégusté ces bouteilles dans la foulée (elles étaient ouvertes en même temps) et donc la confrontation était inévitable.... Qui a gagné le match? 



Beaujolais Nouveau, Jean Foillard 2017:

La robe est rouge rubis aux reflets violacés.

Le nez est assez discret, mais fin et délicat. On y trouve du petit fruit de baies bien mûr: cassis, mûre, mûroise. Même si le nez est assez en retrait, je suis très étonnamment surpris (et en bien) par ce registre aromatique bien mûr, plus "noir" que "rouge". Ca pourrait m'évoquer un plus grand Beaujolais dans une petite phase de fermeture (ou bu en lune racine...). 

La bouche est encore plus surprenante par sa rondeur, sa douceur, son côté chatoyant et en rien agressif et austère. Le vin est souple, harmonieux. On retrouve les arômes du nez, sur les fruits noirs, avec un petit côté légèrement épicé. Là encore, on ne se prononcerait pas sur un Beaujolais Nouveau, tant l'acidité est faible et l'équilibre assuré. Ca reste aromatiquement pas très explosif, c'est pas complexe ni particulièrement gourmand ou fruité, mais cette sensation de souplesse en bouche est tout à fait remarquable pour un Nouveau. 



 
Domaine Sylvère Trichard, Séléné 2017:

La robe est un peu plus claire, moins rouge et un peu plus rose. Le disque lui aussi vire plus sur le rose que le violet. 

Le nez est beaucoup plus explosif. C'est une bombe de petits fruits frais: framboise, groseille, griotte. Si le nez du Foillard était plutôt "noir", celui-ci est clairement "rouge". 

En bouche, ça confirme l'impression du nez. Le vin est très aromatique, et s'apparente en cela plus à ce qu'on peut attendre d'un Beaujolais Nouveau. Ca goûte la macération carbonique... Mais le fruit y très naturel (ce vin fait beaucoup plus "vin nature"), la matière agréable, digeste et légère. 


Résultat du match: C'est pour moi un match nul. Pour les autres, la préférence allait au Séléné, même si les deux vins ont été décrits par ces convives comme les deux meilleurs Beaujolais Nouveau qu'ils avaient bus. Je suis pas loin de penser la même chose, mais je garde quand même un souvenir plus ému du Lapalu. 
Je retiendrai le naturel, le croquant et le fruité de Séléné, et la maturité, le velouté de Foillard. Disons que Foillard remporte le match de la matière et de la structure et Séléné celui du goût. Après, je pense que ces deux vins peuvent bien se garder 1 an ou 2 (ça tombe bien, j'ai encore 2 Séléné et 1 Foillard) et je parierai même sur une montée en puissance du Foillard, à qui je donne un peu plus d'avenir et de potentiel de bonification. Rendez-vous est donc pris l'année prochaine, on comparera avec le cru 2018!    




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