Patrick Bouju, roi d'Auvergne

Je reprends mes notes sur les bouteilles bues au cours du repas du dernier réveillon. En revoyant cette photo, j'esquisse un sourire au souvenir du moment de pure extase vécu avec cette bouteille. Mais ce sourire devient vite jaune, et se mêle à une profonde amertume. Je n'aurai de cesse, à partir de maintenant, de regretter ce triste jour du 6 février 2016, où, au très convivial salon "Les Vins au Vert" de Glaine Montaigut, j'ai commis l'erreur impardonnable de ne repartir qu'avec 3 exemplaires de ce flacon exceptionnel (et c'était pas en raison du prix d'achat, totalement dérisoire en rapport à la qualité du vin)...

Il va sans dire que je n'ai pas tenu un an avant de siffler ces 3 bouteilles et la dernière aura au moins eu l'honneur de trôner fièrement sur la première marche du palmarès des vins bus lors du repas du nouvel an (en compagnie d'un Leoville Las Cases et d'une Geynale de Robert Michel tout de même!). 

La robe est pourpre, assez claire et très légèrement trouble. 

Pour le nez, je n'ai pas eu les désagréments de l'ouverture cités dans les commentaires précédents. Faut dire que je m'y suis pris à l'avance. Vin sorti de la cave le matin, ouvert vers 19h, optiwiné, et bu vers 23h... 

Donc dès le premier nez, une fois le vin servi dans le verre, nous étions tous conquis. C'est superbe. Assez typé "nature" certes, mais que pour ce que cette vinification a de plus beau: préserver la pureté du fruit. Sur les fruits rouges et noirs (cerise noire et cassis surtout), réhaussé de notes épicées (poivre noir) et florales (pivoine?). Mais ce n'est pas seulement un nez de canon glou-glou sur le fruit. Le nez est assez complexe, avec des notes apportées par l'élevage sous bois qui lui apportent de la profondeur et du volume. 

La sensation en bouche est remarquable, avec un toucher sensuel et envoûtant. On y retrouve les fruits noirs, dans un registre très naturel, les épices et un côté assez doux et complexe qui évoquera à mon frère le foie gras. Le toucher de bouche est magnifique, avec de la rondeur, du soyeux. Je me répète, ce n'est pas un vin glou-glou même s'il est parfaitement à boire et très gourmand. Il présente une densité, une richesse et une complexité étonnante, signe d'une maîtrise parfaite de l'élevage. Enorme longueur. 

Commentaire général: Un très grand vin, assurément. Je n'ai pas souvenir d'un vin m'ayant procuré une telle émotion dans cette région, où l'on trouve surtout d'excellents canons de copains. Comme dit en introduction, ce vin a éclipsé un Leoville Las Cases annoncé comme la star de la soirée!

Mais quelle erreur ai-je fait ce malheureux 6 février 2016!....