C'est la Chandeleur!

Je ne suis pas un grand amateur de cidre (si j'ai le choix, je préfèrerai presque toujours une bière), que je réserve plutôt à la cuisine. J'en bois peu, mais quand j'en bois, je bois du bon! 
Mais surtout, ma consommation de cidre est très ritualisée. Il y a pour moi quatre occasions annuelles incontournables, assez rapprochées, pour boire du cidre. Ce sont presque des prétextes, qui viennent rythmer et célébrer même le passage des saisons. Ce sont des moments familiaux privilégiés. En l’occurrence, le cidre est pour moi, malgré le côté très désaltérant que peuvent avoir les cidres très secs (qui ont ma préférence), une boisson d'automne et d'hiver. Il y a d'abord fin octobre - début novembre (sous nos latitudes, ça peut arriver assez tard) deux dates incontournables. D'abord la fête de la pomme que nous organisons ici avec les voisins. Nous sortons le pressoir pour préparer les jus de l'hiver mais mon goût me portant plus sur le cidre que sur le jus, c'est l'occasion de boire le cidre de l'année passée. Nous sommes ensevelis sous les pommes, le jus coule à flots, l'odeur de la pomme est perceptible depuis le village voisin... Bref, l'appel du cidre est irrésistible. Puis dans la foulée, entre deux cueillettes de champignons, il y a toujours une sortie familiale aux châtaignes. Ca, c'est LE grand marqueur de l'automne et je ne connais pas beaucoup de plaisirs plus délicieux que de rentrer de la "sortie châtaignes" par une belle journée d'octobre, sous les derniers rayons chauds du soleil, baignant dans une lumière orangée annonçant l'hibernation imminente de notre étoile jaune, et de faire griller les châtaignes au four. On se regroupe autour des premiers feux de cheminée et les bouchons de cidre pètent à tout va...
Puis l'hiver s'installe... La galette des rois reste bien une occasion, là encore très familiale, de boire du cidre. Et très vite arrive la Chandeleur, qui est un peu la dernière des célébrations de Noël. Cette année, le cidre était de grande qualité. On ne parlera évidemment que "d'eff'nat" non pasteurisé (effervescent naturel).




Eric Bordelet - Sydre Aigrelette 2014


Bon lui, il n'y a plus besoin de le présenter. Tous les amateurs de cidre (ou de sydre?) ont déjà goûté cette cuvée, réputée comme étant ce qu'un pommologue pouvait produire de plus grand. C'est un cidre de gastronomie, très sec, présentant une délicieuse amertume et une minéralité étonnante pour un cidre. C'est fin, délicat. Pour tous ceux qui ne connaissent que les cidres bretons de supermarché, il faut goûter ça au moins une fois pour voir ce que le cidre peut devenir entre des mains expertes. En l'occurrence, ce jour-là, cette cuvée était moins irrésistible qu'à l'accoutumée, ce que je mets sur le compte d'une mauvaise conservation (debout sur une étagère depuis bien trop longtemps). Les arômes étaient un peu plus effacés, mais la matière toujours délicieuse et équilibrée.

PS: je précise que cette cuvée, de très grande qualité, n'est cependant pas celle qui a ma préférence. Ceux qui en ont l'occasion se jetteront sur le Poiré Granit, sans équivalent.  


Ferme des Grimaux - Cidre Le Costaud (non millésimé)

Ca, c'est un cadeau de mon caviste. Joli cidre élaboré par la famille Pacory. Plus consensuel, plus simple dans son expression aromatique, c'est un cidre rustique, intense (presque puissant), sur des arômes de pommes très mûres et un petit côté animal que je pense apporté par le bois. On pourrait presque y voir une petite réduction. C'est un beau cidre traditionnel, qui manque un poil de finesse et d'acidité, mais qui, compte tenu du prix de vente, constitue une belle référence. 




Cidrerie du Vulcain - Raw Boskoop 2016

Cette cidrerie constitue ma grande découverte de cette Chandeleur. Cidre élaboré par Jacques Perritaz à partir de fruits élevés sur arbres du Pays de Fribourg. Cette première cuvée est produite à partir de pommes Belle de Boskoop, très belle pomme de gros calibre, très acidulée mais peu juteuse. Le cidre reflète les caractéristiques du fruit: un superbe cidre de gourmandise, acidulé (on est pas très loin du bonbon), évoquant la pomme croquante, avec de délicates notes de rose. C'est très bon, mais ça donne soif. 


Cidrerie du Vulcain - Les Trois Pépins 2015

Ma première émotion en buvant du cidre! C'est vraiment le cidre dont j'avais toujours rêvé. Il est élaboré à partir de trois fruits: la pomme, la poire et le coing. Cet assemblage n'est pas qu'une simple expérimentation: chaque fruit trouve sa place et apporte sa pierre à l'édifice de cette boisson merveilleuse. La matière et l'équilibre sont remarquables, parfaite alliance de l'acidité de la pomme et de la rondeur de la poire. Très sec, légèrement tannique, le cidre est dominé aromatiquement par le coing, qui lui apporte une complexité inégalée. On peut y retrouver des notes aromatiques proches de celles que l'on peut trouver dans des blancs de chenins de la Loire ou certains Riesling d'Alsace. Quelques notes florales (camomille?). Délicieuse amertume en finale, qui rince et désaltère le palais, appelant la gorgée suivante. C'est pour moi le plus grand cidre que j'ai bu à ce jour, probablement plus dans son environnement en compagnie de Saint Jacques que de crêpes au sucre... 





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